En remplacement de l'entrée sur mon cours de SFQ qui est disparue
Quelques images du cours.
Ça va être du gâteau
Weirdo, geek, historical anthropologist, living with a penguin lover in the shower, and a pre-schooler with more energy than thermonuclear war.
Quelques images du cours.
La période de Noël. Ouf. Je ne suis pas fâchée que cette folie soit terminée. Je ne passerai mon temps à décrire tout ce qu'il s'est passé. Je ne dirai seulement que mes parents sont "vieux", ma mère est impossible, ma soeur et mon beau-frère ont décidé que je ne sais pas comment s'occuper d'un chien et ont passé le temps des fêtes à usurper mon autorité sur Igrec. Je suis encore fâchée et je suis encore épuisée (très). Quelle merveille que la session soit commencée.
Mon Chaton d'amour a de la difficulté à l'école. Nous n'avons pas tous les détails, parce qu'il refuse de nous le dire, mais il est en conflit avec au moins trois garçons. Je sais que ces garçons tentent de forcer le Chaton à dire des "mots de toilettes" (j'adore l'expression) et de faire des choses interdites mais dont je ne connais pas la teneur. Je sais qu'il a détruit une construction faites par d'autres en réponse à un autre incident et qu'il a été forcé de la reconstruire. Je sais aussi qu'il se sent floué dans cette affaire, qu'il n'est pas celui qui a commencé, ce que je pense est exacte. Je n'en suis pas certaine; il a peut-être tout commencé, mais je ne le sais pas. Il est extrêmement fâché et triste, ce qui affecte son comportement à la maison. Je vais demander un rendez-vous avec son enseignante.
À l'université, les choses semblent bien aller. Mon cours sur les commémorations devrait bien se dérouler puisque c'est un cours de 2e et 3e cycles. Mon cours au département de français devrait bien aller aussi, mais je suis déçue de constater que mes étudiantes (deux garçons, 26 filles) sont beaucoup moins francophones que je l'espérais. Je me vois devoir parler trèèèèèès trèèèèès leeeenteeeeemeeeent pour m'assurer que tout le monde suive. Les étudiants ne connaissent rien de rien aux littératures de l'imaginaire, ni aux films et séries de genre. Difficile de leur donner des repères. J'espérais aussi ne pas avoir à produire des diapos de présentation, mais les pauvres ont besoin de voir les termes et les noms que je dis pour les transcrire. Une semaine à la fois!
Enfin, depuis les dernières 48 heures, notre espèce a bien démontré que nous sommes une bande de débile et que nous ne méritons pas de survivre collectivement très longtemps sur cette planète. Vivement l'apocalypse. Non, je ne suis pas Charlie, parce que je ne peux pas m'associer avec des racistes-sexistes-homophobes-transphobes comme ça, mais les événements en France, et les massacres au Nigéria, m'enragent au plus haut point.
Le dernier mois fut plutôt difficile. En plus des questions administratives et des corrections associées à la fin de session, j'ai été extrêmement fatiguée, le chien a été malade, le Chaton a passé un mauvais moment à l'école et à la maison, et Mamou est retourné au travail. Je n'ai pas souvent bien dormi.
Nous avons quand même réussi de bonnes choses. Les tensions avec le Chaton ont escaladé avant d'enfin exploser dans une suite de catharsis difficiles, mais constructives. Il a recommencé à me parler, à accepter que je lui parle et le touche, que je m'occupe de lui et accepte que je suis effectivement sa mère. Pas toujours facile, mais il y a de la lumière au bout du tunnel et ce n'est pas un train. Je ne veux pas trop en parler ici, parce que ces problèmes appartiennent à mon fils, c'est sa vie privée à lui, et je ne veux pas trop enfreindre ses droits. Il va sans dire que je suis extrêmement rassurée que nous avons avancé vers une résolution de cette phase très difficile de son développement et de notre relation mère-fils.
Les décorations de Noël sont montées et nous en sommes satisfaits. Mamou trouve que l'arbre est trop petit et croche. Il est effectivement petit (juste comme je les aime) et son tronc est effectivement croche (c'est adorable). Notre horaire des fêtes a causé de la confusion chez ma mère et ma soeur, même si je leur ai fait parvenir le tout pendant la première semaine de novembre comme demandé. Comme quoi tôt ou tard, loin des yeux, loin du coeur.
Les cadeaux sont achetés et emballés. Le calendrier de l'Avent de Lego est un moins grand succès que je ne l'imaginais, mais le Chaton en est content. Les morceaux sont presque immédiatement incorporés dans ses constructions de gares et de trains, ce qui est le but de la chose, dans le fond. Il a écrit au Père Noël, à l'adresse fournie par Poste Canada, pour demandé un train et des rails. Le Père Noël lui a bien sûr répondu, en lui disant qu'il allait voir ce qu'il pouvait faire. Je ne doute pas qu'un train exactement comme il l'espère lui sera livré pendant le Réveillon.
Mamou est de retour au travail, progressivement. Il travaillera trois jours cette semaine, quatre la semaine prochaine et fait un des cultes le 24 au soir. Comme Mamou a tendance à devenir "un monstre" (son terme) pendant l'Avent, Igrec, le Chaton et moi "gâdêmerons" le camp pour Québec le 21, pour passer du temps en famille sans Mamou, dont la patience envers ma famille est grande, mais de plus en plus limitée avec le passage des années. On vieillit tous.
Nous avons enfin découvert la cause des problèmes de santé d'Igrec. Enfin, des problèmes que nous tentions de régler (rien à faire pour les allergies). Depuis juin, il avait des problèmes récurrents de diarrhée, il était nauséabond, avait la peau huileuse et surtout avait des plaies sur les oreilles et sur la gorge. Il a même perdu un petit bout d'oreille nécrosée au mois de novembre. On s'en inquiétait, parce que si un plaie guérissait, une autre apparaissait et certaines ne guérissaient tout simplement pas. En plus de devoir laver le bas des murs à chaque fois qu'il les aspergeait de sang en se brassant la tête, il était clair qu'il y avait un problème. Son vétérinaire nous a fait essayé des nourritures de prescription (dont une qui avait de l'huile de poisson, ce qui a causé de beaux dégâts), fait des tests sanguins et des cultures. Le chien ne voulait plus manger. Jusqu'à jeudi dernier. Après trois semaines de guérison évidente, où ses trois plaies majeures semblaient être presque complètement guéries, il s'est soudainement remis à saigner. J'étais dévastée. Mamou m'a posé une question stupide: est-ce que le tout pourrait être causé par son médicament anti-parasitique? Je lui avait donné le jour précédent. Je n'y avait pas pensé. J'ai donc regardé dans mes notes (twitter, photos) et comparé avec mon calendrier, et la corrélation est devenue évidente. Pendant la dernière semaine de juin, lors de notre voyage d'Ottawa vers les Îles-de-la-Madeleine, les premières diarrhées et les premières plaies dans les oreilles sont apparues. À l'époque, nous avions cru, le vétérinaire aussi, que cela avait été causé par le stress du voyage, les frites mangées dans le stationnement du McDo à Moncton et le vent sur le traversier, ce qui était parfaitement logique. Les autres plaies et les crises de diarrhée pourtant coïncidaient avec la prise de son Sentinel. Une recherche sur les bases de données vétérinaires a révélé que le lufénurone, un des ingrédients principaux du Sentinel pour chien, cause chez environ 1% des chiens des irruptions cutanées, une peau huileuse et des odeurs, des diarrhées, vomissement, perte d'appétit, langueur, même dépression! Bref, tous les symptômes d'Igrec. Le vendredi, j'ai appelé le vétérinaire qui nous a vu hier samedi. Elle est d'accord avec moi. Nous pouvons donc faire la transition vers la diète normale du chien, recommencer à lui donner des légumes (mais pas trop tout de suite) et avec de la patience et de la cortisone, ses plaies devraient complètement disparaitre. En mars, on verra quel médicament anti-parasitique, sans lufénurone nous lui donnerons. Je le lave cet après-midi, parce qu'il pue.
Comme tout le monde, j'ai appris hier la mort soudaine de Jacques Bertand. J'avais appris par les branches qu'il était malade, mais jamais n'aurais cru qu'il nous quitte si rapidement. Un virus. Lorsqu'il a pris sa retraite au printemps, j'ai comme tout le monde versé une larme à l'idée de ne plus l'entendre sur les ondes. Mon animateur préféré depuis toujours, j'ai eu le bonheur de travaillé avec lui pendant la dernière saison de Macadam Tribus. Je faisais une chronique "culture pop". À l'avant dernière émission, le 19 juin 2006, j'ai fais une courte histoire du prénom Jacques en son honneur. L'idée fut reprise par un autre chroniqueur de l'émission La Tête ailleurs.
Détrompez-vous, je ne connaissais pas Jacques Bertrand hors des ondes, mais il m'avait si chaleureusement accueilli dans l'équipe, et si généreusement toléré ma très grande inexpérience. Il démontré quel grand homme il était. Sa voix me manquait, il me manquera. Savoir que je ne le reverrai jamais m'attriste au plus haut point.
Ha'amma, Jacques.
Ça s'en venait depuis quelques mois. On l'a voyait venir. Son rejet de plus en plus direct de ma présence dans sa vie pesait dans toutes nos relations. Il me testait.
Le tout a commencé quelque part à la fin de l'année scolaire passée, lorsque son institutrice lui a demandé de parler de sa "vraie" mère. La maudite enseignante avait aussi expliqué à mon fils qu'il a la peau jaune parce qu'il est asiatique. Je la déteste.
Bref, depuis ce temps, il me teste. En me rejetant, en refusant que je le touche ou que je m'occupe de lui, ou il m'ignore complètement. Bref, ce n'était pas jojo dans la maison depuis de longues, longues semaines.
Hier, mon fils a passé la journée à me rejeter, me repousser, me contredire, puis dans la soirée a commencé à dire que je ne l'aimais pas, que je n'étais pas sa mère, qu'il n'avait pas de mère, juste un père, et que j'étais méchante de lui dire le contraire. Son ton montait. Puis il s'est mis à me donner des coups de pieds, et autres exactions qui ne sont pas permises à la maison. Lorsque l'heure du dodo est arrivée, il s'est mis à refuser, nier, tout ce que je lui disais. Toutes mes paroles étaient un mensonge, etc. Je lui ai alors donné une dernière chance: qu'il arrête de contredire et monte avec moi dans sa chambre ou je le mettrais en punition. Il a dit "non".
Comme je l'avais averti, je l'ai transporté sur la chaise de réflexion. S'en suivit une énorme crise de pleurs, de cris et de négation. Je me suis assise devant lui, j'ai nié ses négations, répété sans cesse que j'étais sa maman et ce que fait une mère. Je n'ai jamais levé le ton. J'ai même murmuré. Surtout, je n'ai pas bougé, je ne suis pas partie et surtout, Mamou n'est pas intervenu lorsque le Chaton l'appelait ou qu'il le cherchait des yeux. Le Chaton a hurlé toute sa colère, sa peine et sa confusion. Ce fut long et difficile. Le Chaton a tellement crié, il s'est cassé la voix. Mais, après une longue demi-heure, il s'est jeté dans mes bras et s'est transformé en grosse boule de chagrin. Il a accepté que je le prenne dans mes bras, que je le conforte, que je sèche ses pleurs, a accepté que je comprenais sa colère et je lui ai répété souvent que je n'étais pas fâchée. Il a demandé que je le couche et s'est endormi assez rapidement. Pendant la nuit, il s'est réveillé et m'a appelée pour que je l'ai à se rendormir. Il fallait que j'y sois pour solidifier les maigres gains de la catharsis du Chaton.*
Ce matin, je devais partir très tôt, mais j'espère que les choses iront mieux. Je ne me fais pas d'illusion: cette crise n'est probablement pas finie et ce ne sera pas la dernière crise. Malheureusement, comme nous en savons beaucoup sur sa famille biologique, il a bien plus qu'une image mentale de sa mère biologique tout en ayant aucun espoir d'avoir un contact avec elle. Triste.
Nous avons nos tors dans cette histoire aussi. Nous avons mal expliqué comment on fait les enfants et jusqu'à il y a quelques semaines, il pensait que tous les enfants étaient adoptés. Il va falloir lui raconter l'histoire de son adoption avec plus de détails, en insistant sur notre histoire, notre attente d'un enfant, notre volonté de l'adopter.
Un jour à la fois.
* Le tout devant @gilliandoctor. J'espère qu'elle n'en est pas trop traumatisée.
Comme tout le monde occidental, il y a 25 ans, j'ai été émerveillée par la chute du mur de Berlin et l'effondrement de l'URSS qui s'en suivit. On pensait le voir venir à l'époque, et on n'avait pas tord, mais je crois que tous furent surpris par la rapidité du changement politique. Après quelques trois décennies à être convaincus que nous allions tous mourir des retombées radioactives de la Troisième Guerre mondiale, nous pouvions enfin espérer survivre jusqu'à l'hécatombe environnementale.
À l'automne 1989, je prenais un cours de création littéraire et produisais plusieurs fictions par semaine, généralement des vignettes, ma forme principale à l'époque. Voyez ci-dessous ce que j'ai écrit la semaine de la tombée du mur de Berlin.
Ville fortifiée II
Jamais, de mémoire d’homme, n’a-t-on vu la ville si propre. Tous les murs crépis de frais, toutes les rues pavées à neuf, des fleurs à chaque fenêtre, des couleurs aux églises. Et un sourire à chaque visage. Et de l’amour aux jeunes yeux.
La vie est revenue. On marchande, on chicane, on court, on rit. Et on pleure aussi, on a mal, mais moins qu’avant. On vit.
Depuis deux semaines que l’on prépare la fête. Depuis deux semaines, on attend le moment. Pendant qu’au château, on a peur.
Hier encore, dans les rues, on sentait l’excitation dans les odeurs, dans les murmures, dans les yeux. On devinait l’attente, on ne l’exprimait pas. On attendait.
Mais aujourd’hui est jour de fête; on se permet de rire aux éclats, de danser, de chanter. L’enceinte de la ville n’est plus une barrière. Les champs extérieurs sont terrains de pique-nique et pistes de danse. Hier encore, ils étaient cimetières.
Depuis longtemps, on savait la reine malade; depuis longtemps, on attendait son trépas. Le peuple la savait sans héritier aucun. La garde se savait faible face au peuple. La ville se savait prête à se suffire à elle-même. Dans les années passées sous le joug du ferme gouvernement lui avait enseigné la patience. Mais toute patience a ses bornes… Et toute reine aussi.
Ce matin le soleil s’est levé sur la peau bleuie de la défunte. Et tous les yeux de la ville devinrent autant d’astres aussi brillants. On ouvrit les portes de la ville avec autant d’émotion que lorsqu’on ouvre son coeur. Sur chaque jour, au moins un larme, mais dans chaque gorge, un cri de joie, poussant, près à éclater.
La reine est morte! La liberté est reine!
-- 12 novembre 1989
Depuis ma dernière entrée, j'ai combattu la fatigue extrême, deux rhinovirus chez moi et Le Chaton, un chien malade, plusieurs réunions, des lettres de référence, des étudiants qui paniquent, défendent leurs thèses ou démissionnent, sans compter les trains en retard, les imprimantes qui ne fonctionnent plus, les ordi à mettre à jour et les parents qui exigent en octobre d'avoir nos informations sur nos demandes de cadeaux de Noël et sur les vacances des Fêtes. Il y a aussi eu l'Halloween.
Bref, j'ai été occupée et lorsque je n'ai pas été occupée, j'ai dormi.
Fa que c'est ça.
Je poursuis toujours le défi ICAD après tout le monde et j'ai du plaisir.
Il est avec nous depuis Pâques. Quand il est arrivé chez-nous, il n'avait aucune routine, n'avais jamais mangé de la nourriture adaptée à sa physionomie ou son métabolisme et il n'était pas propre. De plus, il n'avait aucune persistance de la mémoire, ni la capacité de faire des choses assez basiques comme monter un escalier, surtout si les marches de cet escalier n'étaient pas fermées. En ajoutant des réflexes, des réactions et surtout un comportement plus en accord avec un chiot de 5 moins, il faisait pitié. En somme, quand nous l'avons eu, il était très très en dessous de la moyenne développementale pour un chien de 10 mois.
Nous avions peur qu'il reste stupide, surtout parce qu'il demandait beaucoup plus de soins, non seulement plus qu'un chien normal, mais plus que du chien qu'on nous avait dit qu'il était. Oui, j'ai beaucoup pleuré.
En début juillet, cependant, dans l'espace de quelques jours, il a eu ce que je décris comme une épiphanie. Son comportement s'est soudainement stabilisé, il s'est mis à comprendre nos commandes. Il s'est mis à se souvenir de la balle qu'on lui lance, même en la perdant de vue. Avant, s'il perdait de vue la balle, ou un jouet, il oubliait instantanément son existence. Les escaliers n'ont plus de secret pour lui non plus.
Depuis quelques jours, il y a aussi quelques changements. Il se comporte encore comme un chiot, ne vous détrompez pas. Il mordille encore comme s'il avait des dents de lait et court encore après sa queue. Il n'a aucune prudence envers les étrangers et a encore peur des très gros chiens, sans raison. Cependant, j'ai vu des signes de résolution de problèmes et d'adolescence. Il contourne les obstacles ou les déplace. L'autre jour, Mamou avait déplacé sa couverture dans l'auto et Igrec a passé un gros cinq minutes à la prendre dans sa gueule doucement pour la replacer comme il la désirait avant de se coucher dessus. Lorsque quelque chose ne fait pas son affaire, comme lorsque son gros jouet jaune est en dessous de la table, au lieu de tenter de l'attraper ou de venir me chercher pour que je le lui donne, il se plante devant et grommelle. Il ne grogne pas, il ne jappe pas. Il grommelle, comme le Chaton ou Mamou quand ils sont frustrés. Trois pareils.
Igrec ne sera jamais un génie, ni même un chien au-dessus de la moyenne, et certainement pas un chien de garde, mais s'il atteint la moyenne, nous serons satisfaits. Il revient de loin.