Ce blogue prend une petite pause...

Le Chaton, Mamou et moi partons en vacances aujourd'hui en pm et allons nous perdre dans les bois pendant quelques jours. Pour ceux qui se posent la question, nous allons dans les Cantons de l'Est, dans un chalet appartenant au camp d'été où la famille de Mamou envoie traditionnellement ses enfants depuis des générations. Mamou y est allé campeur, puis moniteur et il fait maintenant par du conseil général. Le Chaton y ira comme campeur dès l'âge de sept ans, qu'il le souhaite ou non.

L'avantage de ce chalet est qu'il offre une vue imprenable sur le lac, donne accès à ce lac pour la baignade et le canot, offre toutes les commodités de la vie moderne, dont un énorme balcon avec moustiquaires et vue sur le lac, un téléphone, mais pas de câble ni de satellite, pas d'accès internet et encore moins d'accès cellulaire. À moins que les millionnaires sur l'autre rive du lac aient fait installer une tour répétitrice pendant l'année dernière, je serai, comme on dit en italien et en anglais, complètement "incommunicado" pendant 6 jours.

Je compte écrire des rapports de vacances, mais je ne pourrai les mettre en ligne qu'à mon retour à la civilisation.

Pendant ce temps-là, nous aurons quelqu'un à la maison pour surveiller les portes, ramasser le courrier, profiter de notre câble et arroser les plantes. 

Sur ce, à + ! On se revoit le 9 juillet.

Chaton au chalet l'été dernier. De longues journées mouvementées demandent de longs sommes réparateurs.

Chaton au chalet l'été dernier. De longues journées mouvementées demandent de longs sommes réparateurs.

Nous sommes des immigrants. Il faut l'admettre.

 

Mon fils, qui va dans un service de garde en milieu scolaire public, est préparé à entrer dans le milieu scolaire public. Cela va de soi. Dans le système scolaire public en Ontario, on forme des citoyens canadiens, fiers et patriotiques. Soit.

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Cela implique le salut au drapeau en chantant le O Canada! tous les matins. Ainsi, mon fils apprend à chanter l'hymne national canadien, à reconnaître le drapeau canadien et à fêter la Fête du Canada Day. 

Depuis une semaine, comme les magasins sont bariolés de rouge, de blanc et de l'unifolié, mon fils passe ses journées à chanter le O Canada. Ou plutôt deux lignes du O Canada. Toujours les deux mêmes, "O Canadaaaa. Ton histoire est une épopée-é-e. O Canadaaaa. Ton histoire est une épopée-é-e. O Canadaaaa." Sans arrêt. C'est cute et tout. Les vieilles dames à l'épicerie sont attendries.

 Moi, je me passerais bien de son patriotisme public naissant. Il est beaucoup trop jeune pour qu'on lui explique les subtilités de la propagande scolaire, et nous ne voulons pas lui causer des problèmes à l'école où le nationalisme québécois est perçu et enseigné comme une mauvaise chose. 

Nous sommes des émigrants en Ontario, dans un autre espace national, faute d'être dans un autre pays. Au moins, si nous étions dans une autre province, en Alberta ou en Nouvelle-Écosse, il y aurait une fierté provinciale qui au moins rempli un espace équivalent au patriotisme québécois et qui contrebalance en partie le patriotisme canadien. Il n'y a rien d'équivalent en Ontario. Il n'y a que la fierté canadienne. Il est très difficile de trouver un drapeau ontarien en Ontario. Ailleurs au Canada, les drapeaux provinciaux sont beaucoup plus présents, pas autant que le drapeau québécois au Québec, mais presque. Rien de cela en Ontario. Mon fils ne sait pas reconnaître le drapeau ontarien, malgré nos efforts. Quand nous allons à Gatineau, il ne comprend pas pourquoi les "drapeaux du O Canada" sont si rares.

Je ne sais pas quoi faire. Je ne veux pas lui causer du tord à l'école mais je ne veux pas qu'il avale le patriotisme canadien tout rond. Je voudrais qu'il soit attaché au Québec, mais nous élevons un Ontarien, au moins jusqu'à ce que nous déménageons.

En attendant, je dois enduré que mon fils chante le O Canada et se promène avec son drapeau canadien en papier dans la maison,  parce que cela lui fait si plaisir...

...misère... 

 

Réflexions sur The Ocean at the End of the Lane de Neil Gaiman.

 

Version courte: Maudit que c'est bon!

"gnarl", photo de tournevis, 2005

"gnarl", photo de tournevis, 2005

Version plus longue: C'est vraiment très bon. Ce roman court, à peine plus long qu'une novella, présente les souvenirs d'enfance ravivés chez un homme de l'âge de Gaiman qui vient d'enterrer son père dans la petite ville d'Angleterre où il a grandi. Attiré sans trop savoir pourquoi à la vieille ferme Hempstock au bout du chemin où il résidait enfant (le chemin titulaire), le narrateur retrouve le souvenir de ce qui s'est passé quand il n'avait que sept ans et qu'il a rencontr le surnaturel comme il n'en existe que dans les Îles britanniques. Ce sont peut-être des fées, dans le sens ancien du terme. Ce sont certainement "the little people" dans le sens le plus macabre et dangereux du terme. Madame Hempstock, mère, se souvient du big bang, après tout.

Même pour un lecteur adulte, les événements racontés par Gaiman sont terrifiants, d'autant plus que l'enfance réelle de Gaiman s'y trouve parsemée. Comme le postscript l'indique, si les événements du livre sont imaginaires, les lieux décrits sont bien réels: ce sont sa maison d'enfance, son chemin d'enfance, la vraie ferme au bout du chemin qui existe vraiment depuis le Doomsday Book de Guillaume de Conquérant, et la MIni Austin blanche de son père dans laquelle s'est vraiment suicidé leur pensionnaire sud-africain quand Gaiman avait sept ans. La tentative d'infanticide est inventée, mais elle n'en est pas moins épouvantable.

L'histoire est inventée, soit, mais la terreur envers le monde d'un enfant un peu bizarre pour qui les livres sont la seule échappatoire, elle, est bien réelle. Elle l'était pour Gaiman quand il était petit. Elle l'était pour moi aussi. La plupart des adultes oublient cette terreur au fil du temps, comme le narrateur oublie ses visites à la ferme Hempstock d'une fois à l'autre. Que cet oubli soit causé par Madame Hempstock, fille, ou par la nécessité de l'âge adulte n'importe pas. Ce qui importe est que quelques artistes comme Gaiman (et comme Tim Burton, d'ailleurs) ne l'oublient jamais. Il en résulte dans toute l'oeuvre de Gaiman, l'assurance que l'enfance est une période plus sombre que ce que les adultes n'osent s'avouer, où les monstres sont bien réels, même s'ils sont inventés, et que le vrai monde est grand, compliqué et dangereux. La mort est là. La peur est là. Les mystères sont tout autour de nous. Les adultes choisissent simplement de ne plus les voir. Coraline et Nobody Owens en ont fait l'expérience et en ont bénéficié; ils en ont sortis grandi, littéralement dans le cas de Nobody. Dans ces deux livres pour tout âge, la rencontre avec le surnaturel est un pas vers la découverte de soi. Dans Ocean, seul l'oubli permet de continuer à vivre sans trop de dommage. Toutefois, le narrateur grandit et devient meilleur en vieillissant, et il retourne sans s'en souvenir voir l'océan au bout du chemin, pour se montrer à la petite Lettie Hempstock, avec qui il a frôlé la mort et qui s'est sacrifiée pour lui. Parce "qu'on ne peut pas échouer à être une personne", même quand on fait des erreurs, même quand on choisit le mauvais conjoint pour nous, même si les choses sont difficiles et tristes.

Les lecteurs avides de Gaiman retrouveront beaucoup de points communs avec ses romans précédents, romans jeunesse comme pour adulte. Ceux qui s'attendent à un pavé comme Good Omens ou American Gods seront peut-être déçus de sa brièveté. Ils auraient tords. On retrouve ici Gaiman au sommet de son art. Son style est achevé et précis comme un scalpel. L'histoire est complète et ne pourrait pas être plus longue. Alors qu'American Gods et Anansi Boys laissaient des portes ouvertes, assez grandes pour que le premier soit adapté et étendu sur 6 saisons par HBO, on ne pourrait ajouter une ligne de plus à Ocean.

Comme je le disais sur twitter hier ou avant hier, dès qu'il est traduit en français, je le donne à tout le monde.

Et ils ne verront plus jamais une vieille couverture grise de la manière.

Pédagogies nouvelles

Je suis de plus en plus près de réaliser mon expérience de classe inversée. J'ai obtenu que mon séminaire sur la culture matérielle se déroule dans une des trois "active learning classrooms" de l'université. Oui, il n'y en a que trois sur tout le campus, depuis la rénovation d'un pavillon cet automne. Comme vous pouvez le constater, mon université embrasse les nouvelles approches pédagogiques avec grand enthousiasme. </sarcasme>.

Le voici, ce merveilleux local:  

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Lectures et réflexions

Photo by Evan Bench, austinevan on Flickr

Photo by Evan Bench, austinevan on Flickr

J'ai appris récemment, comme l'ensemble de l'internet, le merveilleux concept japonais de  tsundoku: le fait d'acheter des livres et de les laisser s'empiler sans les lire, du moins en vue de les lire. Je suis aussi coupable que vous tous en ce point, bien que mes piles de livres sont maintenant quelques peu moins hautes, surtout parce que mes piles sont aujourd'hui plus virtuelles qu'actuelles. J'ai une quinzaine de livres physiques en attente, mais une centaine de livres électroniques encore à lire.

Je constate que mon rythme de lecture s'est considérablement ralenti depuis le début de la session d'été. Durant l'année scolaire, je passe beaucoup de temps dans le train, ce qui me donne du temps à lire. Cet été, je passe mon temps devant mon clavier, à répondre à mes étudiants, à écrire des évaluations de manuscrits, à rechercher des articles à venir et à me frapper le front sur mon clavier en désespoir.

Ceci dit, j'ai quand même lu quelques livres avec grand plaisir depuis la mi-mai, surtout les vendredis après-midi et les lundis matin.

D'abord, j'ai lu deux manuscrits d'une amie qui les a terminés (écrits au complet!) en moins de deux mois consécutifs. Vous ne serez pas étonnés qu'elle a mal aux poignets ces temps-ci. Ce sont deux romans, très différents et très bons, particulièrement le deuxième. Elle est d'ailleurs à écrire la suite de ce dernier. Le premier roman doit sortir en janvier 2015: c'est un slipstream qui devrait intéresser le marché des lectrices de littérature régulière, plus que des lecteurs de science-fiction. Le second est une science-fiction historique. Oui, une science-fiction qui se passe il y a environ 3000 ans. Je ne peux pas dire plus, mais j'ai hâte à la suite.

J'ai lu, en une demi-heure, la merveilleuse édition du discours de Neil Gaiman à l'University of Arts de Philadelphie Make Good Art.  Non seulement le texte est extraordinaire et inspirant, le design du livre par Chip Kidd est de toute beauté. Un must.

J'ai relu Le congrès de futurologie de Stanislav Lem. Il est aussi drôle qu'avant.

J'ai aussi relu Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, aussi perturbant qu'avant.

Ce n'est pas beaucoup, mais si je compte les 12012 nouvelles et articles scientifiques que je lis par semaine, je n'ai tout de même pas arrêté de lire. 

Les prochains à lire: The Ocean at the End of the Lane de Neil Gaiman,  Alif the Unseen de G. Willow Wilson et China Mountain Zhang de Maureen McHugh. Et le deuxième volume de la SF historique de mon amie, quand elle l'aura terminée. Elle écrit à toute vitesse ces temps-ci, alors ce sera certainement avant la fin de l'été.

Examens à choix multiples de mer...

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Aujourd'hui, j'ai écris un examen à choix multiples pour mon cours en ligne cet été. Je vous le dis tout de suite: je déteste les questions à choix multiples. Elles sont faciles à corriger mais ne permettent aucunement de juger de l'apprentissage des étudiants. Elles sont aussi une plaie à écrire. Aujourd'hui, j'en ai écrit 150. J'en ai gardé 125 finalement. Elles sont pondérées entre 0,5 et 2 points, pour un total de 100%.

Pour être franche, je préfère corriger des réponse à développement, qui sont parfois "créatives" et souvent très mauvaises, que de composer des questions à choix de réponse ou des vrai ou faux.

C'est fini. Il est terminé et envoyé au bureau des examens. Je n'ai plus a y penser avant le 1er août. 

AJOUT, 25 juin 2013: L'examen a été enfin reçu par le bureau des examens, après de nombreux ajustements et ajouts (maudite bureaucratie de merde). L'heure de l'examen a été changée, mais il a toujours lieu le 31 juillet. Je devrai probablement me rendre à l'université en personne pour aller chercher les c70 copies en personne, parce qu'ils ne veulent pas me les poster. Mais je n'ai plus à y penser avant le 1er août!

Mes premières histoires

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours fait des histoires. Mon père aime raconter que lorsque j'avais 18 mois, je racontais déjà: "Il était une fois, blablablablabla. Et puis, blablablablabla. Ensuite, blablablablabla. Fin."  De plus, mes parents ont conservé plusieurs des cahiers d'exercices dans lesquels j'ai composé des histoires et des poèmes, souvent en guise de devoir, mais pas exclusivement. Pendant la deuxième moitié de ma deuxième année et pendant toute ma troisième, j'ai écrit une petite histoire ou un (épouvantable) poème presque tous les jours. 

Aujourd'hui, l'Office of Letters and Light (les organisateurs de NaNoWriMo) incite ses participants et suporters à partager leur première histoire dans le cadre de la journée Stories Matter/Writing Matters. Comme je ne peux pas identifier qu'elle fut la première, en voici deux choisies au hasard. Oui, j'ai corrigé les fautes. Amusez-vous!

WRITING MATTERS!

Pic-Hayoye est un hérisson malin, fouineur, et le plus drôle, il veut trouver la plus grande et la plus petite îles du monde. Mais il y a un problème : la plus grande, c’est l’Australie et la plus petite n’est pas encore trouvée. Et comment la trouver? Un jour, Pic-Hayoye se promenait, il entend : « Au secours! Au secours! » Pic-Hayoye lance un peu de mousse de tourbe pour sauver la malheureuse, mais ça flote! Il a découvert la plus petite île du monde en sauvant la petite bête.
— "Pic-Hayoye, le hérisson." Histoire datée du 29 septembre 1981
Un jour, je suis allé en Nouvelle-Zélande. Là-bas, il y a des volcans. Les Zélandais apportent des présents au pieds des volcans. Ils les vénèrent. Tout-à-coup, le volcan du Soleil fait irruption. Il est réputé pour sa très chaude lave. Mais à la surprise de tous, le Père-Noël sort du volcan et la neige commence à tomber. Le Père-Noël lance des cadeaux sur la Nouvelle-Zélande.
— "Le volcan et le Père-Noël." Histoire datée du 18 décembre 1981
Des cahiers bourrés de mes écrits on-ne-peut-plus juvéniles...&nbsp;

Des cahiers bourrés de mes écrits on-ne-peut-plus juvéniles... 

♫♬ Demain, c'est ma fête! ♬ ♫

 

Et en juillet, c'est la fête de mon père, du fils de ma cousine (urgh!) et dieu sait qui d'autre membre de ma famille élargie. J'ai appris cette semaine que ma mère planifie une fête pour tout ce monde, le jour de l'anniversaire du fils de ma cousine, celui qui est tellement gâté qu'il fait de l'angoisse juste à penser à toutes les choses qu'il ne possède pas. C'est un bon garçon, il est très protecteur de mon fils, mais sa mère... La fête aura lieu sur la petite ferme où travaille ma soeur, dans la salle de réception. Je vois déjà ma cousine faire des crises parce qu'une chèvre a liché son fils. M'enfin.

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En conséquence, il me faudra des cadeaux pour tous les jubilaires. Pour le garçon, je ne sais pas trop quoi choisir. Un livre, probablement. Pour mon père, j'ai trouvé. 

Mon père est presque aveugle et son optométriste (pas un ophtalmologiste, notez) ne veut pas lui changer ni ses lunettes, ni ses verres de contact avant que sa cataracte soit si mauvaise qu'elle doit être opérée. Je trouve cela plus que douteux et je ne tolérerais pas cette attitude, mais ce n'est pas mon optométriste.  Bref, mon père a des verres de contact qui ne sont pas assez puissants et un verre sur ses lunettes qui est beaucoup trop faible. Pour lire, il se plante directement sous une lampe et met le livre à 8 cm de son meilleur oeil (le plus près que son énorme nez lui permet) et grogne de frustration.

Je vais donc lui donner mon Kobo Touch. Il fonctionne bien maintenant depuis la dernière mise à jour. Je lui ai ouvert un compte Kobo, j'ai acheté cinq livres récents du style qu'il aime et j'ai installé  une carte MicroSD de 2gb avec 60 livres du Projet Gutenberg, dont plusieurs livres que je sais qu'il a aimé mais qu'il n'a pas lu depuis des lunes ou qu'il s'est plaint de ne pas avoir lu. Il va pouvoir grossir les caractères à outrance et je lui donne aussi une micro-lampe de lecture de marque Moleskine qui est tellement forte, je la trouve éblouissante.

Pour ma part, je me suis acheté un Kobo Glo. Il est arrivé hier et je l'adore. J'aime la lumière intégrée et il est nettement plus rapide. Avec une carte MicroSDHC de 8gb, je ne m'inquiète pas de la remplir. Après tout, demain, c'est ma fête!