Réflexions sur The Ocean at the End of the Lane de Neil Gaiman.

 

Version courte: Maudit que c'est bon!

"gnarl", photo de tournevis, 2005

"gnarl", photo de tournevis, 2005

Version plus longue: C'est vraiment très bon. Ce roman court, à peine plus long qu'une novella, présente les souvenirs d'enfance ravivés chez un homme de l'âge de Gaiman qui vient d'enterrer son père dans la petite ville d'Angleterre où il a grandi. Attiré sans trop savoir pourquoi à la vieille ferme Hempstock au bout du chemin où il résidait enfant (le chemin titulaire), le narrateur retrouve le souvenir de ce qui s'est passé quand il n'avait que sept ans et qu'il a rencontr le surnaturel comme il n'en existe que dans les Îles britanniques. Ce sont peut-être des fées, dans le sens ancien du terme. Ce sont certainement "the little people" dans le sens le plus macabre et dangereux du terme. Madame Hempstock, mère, se souvient du big bang, après tout.

Même pour un lecteur adulte, les événements racontés par Gaiman sont terrifiants, d'autant plus que l'enfance réelle de Gaiman s'y trouve parsemée. Comme le postscript l'indique, si les événements du livre sont imaginaires, les lieux décrits sont bien réels: ce sont sa maison d'enfance, son chemin d'enfance, la vraie ferme au bout du chemin qui existe vraiment depuis le Doomsday Book de Guillaume de Conquérant, et la MIni Austin blanche de son père dans laquelle s'est vraiment suicidé leur pensionnaire sud-africain quand Gaiman avait sept ans. La tentative d'infanticide est inventée, mais elle n'en est pas moins épouvantable.

L'histoire est inventée, soit, mais la terreur envers le monde d'un enfant un peu bizarre pour qui les livres sont la seule échappatoire, elle, est bien réelle. Elle l'était pour Gaiman quand il était petit. Elle l'était pour moi aussi. La plupart des adultes oublient cette terreur au fil du temps, comme le narrateur oublie ses visites à la ferme Hempstock d'une fois à l'autre. Que cet oubli soit causé par Madame Hempstock, fille, ou par la nécessité de l'âge adulte n'importe pas. Ce qui importe est que quelques artistes comme Gaiman (et comme Tim Burton, d'ailleurs) ne l'oublient jamais. Il en résulte dans toute l'oeuvre de Gaiman, l'assurance que l'enfance est une période plus sombre que ce que les adultes n'osent s'avouer, où les monstres sont bien réels, même s'ils sont inventés, et que le vrai monde est grand, compliqué et dangereux. La mort est là. La peur est là. Les mystères sont tout autour de nous. Les adultes choisissent simplement de ne plus les voir. Coraline et Nobody Owens en ont fait l'expérience et en ont bénéficié; ils en ont sortis grandi, littéralement dans le cas de Nobody. Dans ces deux livres pour tout âge, la rencontre avec le surnaturel est un pas vers la découverte de soi. Dans Ocean, seul l'oubli permet de continuer à vivre sans trop de dommage. Toutefois, le narrateur grandit et devient meilleur en vieillissant, et il retourne sans s'en souvenir voir l'océan au bout du chemin, pour se montrer à la petite Lettie Hempstock, avec qui il a frôlé la mort et qui s'est sacrifiée pour lui. Parce "qu'on ne peut pas échouer à être une personne", même quand on fait des erreurs, même quand on choisit le mauvais conjoint pour nous, même si les choses sont difficiles et tristes.

Les lecteurs avides de Gaiman retrouveront beaucoup de points communs avec ses romans précédents, romans jeunesse comme pour adulte. Ceux qui s'attendent à un pavé comme Good Omens ou American Gods seront peut-être déçus de sa brièveté. Ils auraient tords. On retrouve ici Gaiman au sommet de son art. Son style est achevé et précis comme un scalpel. L'histoire est complète et ne pourrait pas être plus longue. Alors qu'American Gods et Anansi Boys laissaient des portes ouvertes, assez grandes pour que le premier soit adapté et étendu sur 6 saisons par HBO, on ne pourrait ajouter une ligne de plus à Ocean.

Comme je le disais sur twitter hier ou avant hier, dès qu'il est traduit en français, je le donne à tout le monde.

Et ils ne verront plus jamais une vieille couverture grise de la manière.

My son's evaluation of Neil Gaiman's (@neilhimself) _Chu's Day_

Since it does not look like Neil Gaiman's latest children's book Chu's Day is going to be translated into French any time soon, I decided to buy it in English and simply translate it on the fly as I read it to my unilingual son. 

First, my opinion: it is a delightful book, funny and bright. Chu is a great panda cub with aviator goggles and a propensity to cause havoc when he sneezes. I'm in love. 

Second, Chaton's opinion: he does not find the book funny. This has nothing to do with my translation or my reading style. It's about the train. You see, when Chu finally sneezes and "bad things happen", a train is blown off its tracks. Trains are Chaton's very favorite things in the world. We spend most of our playtime going on trains and taking subway trips. Trains are important to my son. Chu causes a train to go off tracks, therefore "il n'est pas gentil". This said, I do think Chaton likes the book; we have read it 3 times since last night. Chaton now accepts that Chu's "Oops" is an apology of sorts, but he is dead focussed on the train. He acknowledges there are other things blown away, but he wants to go back to look at the train.

Hopefully, he will see the humour and embrace the entire story as he matures in the next year. Being three is hard. 

Edited to add on 13 June 2013: Chaton admitted he liked the book last night. He said it was new and there was a train and it was about "la zournée de Tsou". The book now lives in his bedroom, where precious few books reside. Less important books stay in the living room.

Edited to add on 16 June 2013:  

Edited to add on 23 June 2013:  My son now loves the book. We have read it almost every night since the 12th. He spent the better part of yesterday running around the house going "Atsooooooo!!! Wooosh!" and laughing. He still remarks that the train is never going to make it to the station, but he is no longer obsessive about it. Further, last night, we read another book. YÉ!