Corriger des examens, surtout des examens à choix de réponse, est mortel!

 

Si vous vous demandez où j'étais, j'étais submergée d'examens.  J'ai presque tout corrigé les deux premières parties, les choix de réponses et les vrai ou faux, du moins chez ceux que j'ai reçu par la poste. Un dernier paquet devrait arriver demain. Quelques constatations me perturbent.

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a) Plus de la moitié des étudiants ont répondu "vrai" à l'affirmation "René Lévesque supported violent action."  J'ai mal au ventre juste d'y penser. J'en pleure.

b) Une majorité d'étudiants pense que l'Ontario est la seule province bilingue du Canada. Ce qui est effrayant, parce que le français est quotidiennement sous attaque en Ontario. Considérant que le cours insiste sur le fait qu'il y a eu un amendement constitutionnel pour que le Nouveau-Brunswick soit une province officiellement bilingue, je déprime!

c) Plus du tiers des étudiants ont répondu que le Canada, les États-Unis et le Royaume-Uni sont membres de l'ALENA.

d) Plus de la moitié des étudiants croient que l'homosexualité est devenue légale au Canada avant 1969.

e) Près de la moitié des étudiants confondent Inuits, Métis, Premières Nations et Autochtones et semblent très confortables avec leur ignorance.

Comme je n'ai pas encore corrigé les questions d'identification, je n'ai pas encore compilé un florilège des pires définitions que je sais se trouveront dans la pile qui m'attend dans le salon.

J'y vais à reculons, mais je vous ferai part des perles (ou des horreurs, c'est selon) dans une prochaine entrée. 

On dirait bien que bientôt je pourrai changer de capot à l'université et grandement améliorer mes conditions de travail.

 

 

Mon directeur de département (Histoire) est un très bon gars. Ce qui est un grand changement du précédent qui est un champion parmi les trous de cul, et je suis polie. Mon directeur de département est aussi le conjoint de la directrice du département d'Études françaises. Le département d'Études françaises est en difficulté, parce que la Faculté des Arts et Sciences lui coupe le budget et refuse de lui permettre de remplacer les départs depuis bientôt 10 ans. Selon la Faculté, le français n'est pas une langue d'avenir ni une langue internationale, donc ne vaut pas la peine d'être financé. Études françaises ont grand besoin de personnel capable de donner des cours sur les cultures francophones et de le faire en français. Comme par hasard, je suis une francophone spécialisée dans la culture populaire francophone d'Amérique du Nord. Surprise!

 

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J'ai reçu un joli message de mon directeur de département en fin de semaine dernière me demandant si j'étais intéressée à un arrangement me permettant d'enseigner aussi au département d'Études françaises. Ce serait une entente entre départements, qui ne coûterait rien de plus à la Faculté puisque je suis déjà un professeur agrégé. Cette entente pourrait prendre plusieurs formes, un poste partagé entre les deux départements, avec ou sans responsabilités administratives selon l'étendue du partage, ou un "prêt" du département d'histoire au département de français. J'ai bien sûr dit que je serais très intéressée, mais qu'il faudrait en discuter, en septembre après le début des cours. Je préfère la possibilité d'enseigner en français, surtout si je cela n'augmente pas mes charges administratives.

Pouvoir enseigner en français rendrait ma préparation de cours beaucoup plus facile et rapide: trouver des textes en français sur Québec et l'Acadie est très très facile. Trouver des textes en anglais sur le Québec est plus difficile, surtout des textes récents. Trouver des textes en anglais sur l'Acadie est une tâche quasi impossible. Si je dois traduire des textes, je pers du temps pour faire toutes les autres tâches que je dois faire avant même d'entrer dans la classe. En plus, je pourrais parler en français, à de vraies personnes, qui sont assises devant moi, en personne! Ce n'est pas un détail sans importance!

Imaginez, je pourrais donner le cours sur l'humour au Canada et ne pas avoir à trouver des sketches avec des sous-titres! Je pourrais mettre _Québec Banana State_ de Jean-Michel Wyl sur la liste de lecture, même s'il n'y a pas de traduction! Un rêve. 

 

Some thoughts on _We See a Different Frontier_, edited by Fábio Fernandes and Djibril al-Ayad

Electronic copy provided by the editor (thanks). I backed the project on Peerbackers.

Copyright © The Future Fire, 2013. All rights reserved.

Copyright © The Future Fire, 2013. All rights reserved.

Coming out in August, _We See a Different Frontier_ is a new collection of short stories published by the wonderful online SFF magazine The Future Fire. The collection, like the mag, aims to give voice to authors from marginalized or racialized groups, or to stories whose characters are from such groups. More specifically, the book brings together all new speculative fiction from emerging and well-known authors focussing on colonialism, especially from outside the first-world viewpoint. More interestingly, even if the language of the collection is English, particular care is taken in favouring non-Anglo-American viewpoints. The editors' goal is to compensate for Anglophone SFF's long-standing tradition of being about colonizing: space, new stars, new planets, alien lands, the so-called final frontier. The point was to upturn SFF's tendency to exoticize (and feminize) the Alien, the way historical narrative has long tended to do the same with the Orient or the Arab world.

I was particularly impressed with the editors' admission of just how hard they found the task of choosing which stories to include. They fully admit having to question their own presuppositions and (dare I say) prejudices in order to include the strongest, most provocative stories. Indeed, the stories are "all brilliant excoriations of one or another element of colonialism, imperialism, cultural appropriation or exploitation." (p. 13) Excoriation is right! They are actually elating in their damning of colonial situations whether overt or insidious. The introduction conclude: "These stories need to be heard. These stories need to be read." (p. 13) I could not agree more.

I could laud every single story in the collection, but let me turn the light on two in particular that have stayed with me and even found their way into my dreams. 

"Fleet" by Sandra McDonald is a story which is a little flawed and that ends in a little bit of a cliché. Nevertheless, it is a gripping narrative, from the point of a trans character living on the island formally known as Guam. Isa is a Bridge, the member of the community neurologically implanted with the thousands of names of the dead from the Island's history and who is responsible for performing remembrance rites. As part of a group elected for the annual trip to the island's landfill, Isa meets two men from oversees, a rarity in a world where the entire electrical grid was destroyed by massive solar flares a century prior. McDonald masterly explores the dangers and pitfalls of the Politics of Memory of future Guam.

An even more powerful exploration of Politics of Memory is found in the incredibly well-written, nearly perfect "Remembering Turinam" by N.A. Ratnayake. Here the scholar Salai walks from his world's (a future-Earth maybe) equivalent of a university the Heremitian Anushasan, formely specialized in the exploration of the abstract sciences. He goes to visit his grand-father, a former member of the same Anushasan, now living as a near hermit in his very final days. Both are Turians, a peaceful farming people whose country, the titular Turinam, was conquered two generations ago by the Rytari state, a highly bureaucratic, militaristic and ever-expanding Republic. In the decades following the conquest, the Rytari sucessfully appropriated Turian culture and eradicated their language. By assimilating the population into the Rytari language, they successfully changed the country's myths, history and cultural identity. Ratnayake is brilliant in showing the subtleties of Salai's colonized mind. More importantly, the author displays in all its tragedy the paradox of cultural survival in the face of conquest: how only those who choose assimilation can live long enough to ultimately reclaim the culture that has been willingly lost.

For these two stories and the 14 others, especially for the Critical afterword by Ekateria Sedia, go buy the book! Your world will be changed!

 Edited on 31 July 2013, 17h: corrected a story title and author. Apologies for the possible confusion.

Edited on 27 August 2013: So many typos! 

Le Chaton vit des choses bien difficiles en ce moment.

 

Depuis quelques jours, il ne dort presque plus l'après-midi, il va sur le pot plusieurs fois par jour, il est au pré-scolaire, il n'a plus de suce et il a clairement compris qu'il a été adopté. Il y a un lien clair entre les deux derniers points, et c'est probablement ma faute. 

Lorsque nous lui avons enlevé sa suce, je l'ai cachée et je lui ai dit qu'elle était partie aider un bébé qui avait besoin d'une suce, parce que lui n'en avait plus besoin. Sur le coup, je pensais que je lui racontais une belle histoire de partage et d'entraide.

Puis je me suis rendue compte que je lui avais dit que sa suce l'avait abandonnée, comme il avait été abandonné auparavant. Je suis tellement stupide. On comprend pourquoi il a pleuré comme une fontaine pendant trois heures! Pendant plusieurs jours ensuite, il m'a demandé où était sa suce. Puis, tout d'un coup, il s'est mis à nous demander où était son "autre maman".

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Nous ne lui avons jamais caché qu'il est né au Vietnam et que sa mère biologique s'y trouve. Nous avons souvent lu des livres sur l'adoption, où un des personnages est adopté par exemple, et regardé Détestable Moi, un merveilleux film sur l'adoption. Vendredi dernier, pendant que nous étions aux toilettes pour se brosser les dents, il m'a encore demandé où était son "autre maman". Je lui ai répondu qu'elle était au Vietnam, j'ai mentionné son nom*. Puis j'ai vu dans ses yeux quand il a pleinement compris ce que cela voulait dire. J'ai vu les pièces du casse-tête se mettre en place dans ses yeux. J'ai dis que je savais qu'elle l'aimerait pour toujours. Il a dit "non", puis il a éclaté en sanglots, une tristesse désespérée, et il s'est blotti dans mes bras pendant de très très longues minutes de pleurs intenses. Depuis, il m'a demandé à d'autres reprises où est son autre mère, parfois sans sanglots, mais toujours perturbé. Il a dit à quelques reprises qu'il a deux mamans et un seul papa.

Depuis, il a aussi des sautes d'humeur soudaines, il éclate en sanglot sans raison visible. Il donne aussi des signes accrus d'angoisse de séparation, qui avait presque disparue depuis le printemps. Il me colle beaucoup, alors qu'il n'est pas particulièrement câlin d'ordinaire. Je lui répète que je suis sa maman pour toujours et que nous sommes sa famille pour toujours. Nous avons sorti d'autres livres. Ce matin, Mamou devait parler à l'éducatrice à la garderie pour ne pas se surprendre de sursauts de comportement plus que probables.

Un jour à la fois. 

 

* Nous sommes extrêmement chanceux en ce que nous savons beaucoup de choses sur les origines de notre fils. Nous avons les noms et coordonnées de non seulement sa mère biologique, mais plusieurs membres de la famille et nous avons beaucoup de détails sur les circonstances de sa mise en adoption. Nous avons même une lettre de sa mère biologique. S'il le souhaite, dans le futur, nous pourrions la retracer avec une certaine facilité. Je ne peux exagérer combien ceci est extrêmement rare! Ce qui rend étrangement les choses plus difficiles pour nous, parce que la littérature sur l'adoption internationale et les livres pour enfants sur le sujet présument une absence complète de cette information. Nous devons improviser comment la lui transmettre.

Critique rapide du jeu "À la dérive" de Diceless Games

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À la dérive est un jeu de carte pour 2 à 4 personnes où l'on doit s'assurer que ses pingouins restent sur la banquise, qui fond à vue d'oeil, et de pousser les pingouins adversaires à la mer. 

J'ai acheté ce jeu il y a plus d'un an, parce que Mamou et le Chaton aiment les pingouins et je me disais qu'un jeu de pingouins pourrait être drôle. Pour une foule de raisons, Mamou et moi n'avons pas eu l'occasion de le jouer avant hier soir.

J'ai trouvé les règles du jeu extrêmement confuses et nous avons du recommencer la partie lorsque nous nous sommes complètement trompé. En recherchant un lien direct pour inclure dans cette entrée, j'ai découvert que  Diceless Games ont publié des règles révisées. Sauf que les règles révisées sont celles qui se trouvent dans notre boîte. Je n'ose pas penser à la confusion que devaient causer les règles d'origine! Citation d'un des commentaires "Merci beaucoup pour cette SUPER mise à jour !!! Je viens d’en faire lecture et je comprend maintenant tellement mieux !" Misère... 

Après avoir placer les cartes de banquises sur la table, chaque joueur place ses pingouins sur les cases et après une phase de set-up plus compliquée qu'elle ne le devrait, les joueurs usent leurs cartes d'action pour faire avancer leurs pions, échanger des cartes et accumuler des oeufs frais (en évitant les oeufs pourris). 

Malgré des règles confuses, une fois le jeu engagé, la partie est amusante et ne prend pas plus de 45 minutes. Un jeu léger, qui plairait aux enfants de 8 ans et plus, mais les règles élèvent effectivement l'âge cible à 10 ans, contrairement à ce que le livret d'instructions indique. C'est malheureux.

Je ne peux recommander ce jeu. Il y a bien plus de jeux de pingouins qui ont une meilleure réputation, comme celui-ci par exemple. Ou achetez celui-ci

 

"Je suis un grand garçon"

Ce matin, mon fils a annoncé qu'il était un grand garçon. Une grande première, parce que jusqu'à la semaine dernière, il se mettait en colère à chaque fois que nous implicitions qu'il n'était plus un petit garçon.

Depuis la semaine dernière, il a été intégré dans le groupe des pré-scolaires à la garderie, sa suce "est partie loin loin loin pour aider un bébé qui en avait besoin" et il a fait pipi sur le pot une fois (à la garderie; il ne veut pas le faire à la maison encore).

Il grandit physiquement aussi. Alors qu'il n'avait pris qu'un seul petit centimètre entre 2 1/2 ans et son troisième anniversaire, il semble avoir déjà grandi d'au moins cela depuis le mois de mars. Il prend en largeur aussi, en plus de manger comme un trou et prendre du ventre, ce dernier point étant généralement indicateur d'une poussée de croissance imminente. 

On lit. Beaucoup.

On lit. Beaucoup.

Nous allons bientôt (avant Noël) remplacer sont petit lit d'enfant avec un lit simple. Nous allons le commander bientôt et garderons la boîte dans le sous-sol. Je le monterai et l'installerai dans sa chambre au moment venu. Nous avons déjà le matelas. Je dois aussi, mais je ne sais pas quand, repeindre la bibliothèque de quand j'étaie petite et la mettre dans sa chambre, en y mettant une majorité de ses livres, pour libérer les étagères du salon pour mes livres qui sont présentement dans des cartons dans le sous-sol. Nous avons beaucoup de livres à nous trois. Nous lisons beaucoup, de toute évidence. 

Des difficultés de retourner à la routine après les vacances.

Depuis notre retour des vacances, j'ai moins travaillé et moins bien travaillé surtout que pendant. Ce sera drôle si je n'étais pas si en retard. Dans les faits, je me remets de mes vacances. Hier, j'ai dormi presque toute la matinée. Je n'ai presque pas travaillé du reste de la journée. Bref. 

On entend souvent les experts élaborer sur la nécessité de maintenir la routine des enfants, mais il ne faudrait pas se leurrer, la routine est tout aussi nécessaire pour nous les adultes. Je blague souvent sur le fait qu'en retournant au travail, je pourrai me reposer, mais dans le fond, ce n'est pas vraiment une blague. 

Il me reste sept semaines avant le début des classes et je dois (dans le désordre):

  • écrire mes deux syllabus, incluant choisir les lectures, les travaux et la structure du cursus des cours
  • écrire deux courtes biographies de 1000 mots chacune (je devrais en finir une aujourd'hui)
  • terminer la rédaction d'un livret de 45000 mots
  • lire une thèse de doctorat et préparer mon rapport pour la défense
  • faire la critique du film Cloud Atlas pour Some Fantastic
  • terminer la réparation des murs dans la maison avant de les faire peindre
  • etc. 

C'est le dernier élément qui me fait le plus peur.

Bon, je commence ma journée. Go go go! 

Ajout à 10h10: 

J'ai oublié que je dois aussi faire une critique pour Histoire Sociale... Misère. 

Black swan theory

Je pense que le Chaton s'est vraiment ennuyé de nous pendant qu'il était chez sa grand-mère pendant les derniers jours de nos vacances. Je n'en suis pas certaine, mais je pense que c'est pourquoi il m'a dit "je t'aime" quatre fois depuis notre retour, cinq fois en tout depuis le début des vacances. Avant le départ des vacances, il ne m'avait adressé ces mots que cinq fois depuis qu'il est arrivé chez nous. Soit, il n'avait que 10 mois quand nous sommes revenus du Viêt-Nam, mais il l'a dit à son père des dizaines de fois depuis qu'il sait parler.

Le plus meilleur garçon du monde.

Le plus meilleur garçon du monde.

Je sais que mon fils m'aime et est attaché à moi. Il me le montre d'une foule de façons. Lorsque lui et son père vont à l'épicerie, c'est lui qui insiste pour qu'ils me rapportent des fleurs, une semaine sur deux. Dimanche, c'était des hydrangées vertes, sa couleur préférée.

Ceci dit, les relations parent-enfant en cas d'adoption ne sont jamais simples, surtout pour les enfants institutionnalisés, d'autant plus si ce sont des garçons et que leurs parents adoptifs sont un couple hétérosexuel. Pour eux, leur père adoptif est souvent la première figure parentale masculine qu'ils ont connue; il n'y a pas d'histoire d'abandon masculin. Leur mère adoptive, à l'opposé, est au minimum la troisième figure parentale féminine qu'ils ont connue (mère bio, nounou(s), mère adoptive). Pour eux, les femmes auxquelles ils se sont attachées les ont abandonnés, au moins deux fois, sinon plus. Ces enfants ont une grande colère envers les femmes, une suspicion. Le Chaton ne fait pas exception. Il m'a cassé une dent il y a un an et demi dans un de ses plus spectaculaires excès de colère. Cela fait seulement quelques mois qu'il ne nous frappe plus sans raison. Aujourd'hui, il frappe parce qu'il a trois ans et qu'il n'aime pas qu'on lui refuse ce qu'il veut.

Peut-être aussi que ses derniers souvenirs du Viêt-Nam se sont enfin estompés. Il y a un an, il s'en souvenait encore clairement. Il y faisait référence, du moins il essayait avec ses mots de deux ans. Peut-être que cet oubli lui permet de me dire qu'il m'aime. "Je t'aime comme Toupi", il m'aime comme Toupi aime Binou. Il m'ai dit qu'il m'aime dix fois depuis qu'il est avec nous.

Mon fils m'aime.