On dirait bien que bientôt je pourrai changer de capot à l'université et grandement améliorer mes conditions de travail.

 

 

Mon directeur de département (Histoire) est un très bon gars. Ce qui est un grand changement du précédent qui est un champion parmi les trous de cul, et je suis polie. Mon directeur de département est aussi le conjoint de la directrice du département d'Études françaises. Le département d'Études françaises est en difficulté, parce que la Faculté des Arts et Sciences lui coupe le budget et refuse de lui permettre de remplacer les départs depuis bientôt 10 ans. Selon la Faculté, le français n'est pas une langue d'avenir ni une langue internationale, donc ne vaut pas la peine d'être financé. Études françaises ont grand besoin de personnel capable de donner des cours sur les cultures francophones et de le faire en français. Comme par hasard, je suis une francophone spécialisée dans la culture populaire francophone d'Amérique du Nord. Surprise!

 

paradise_right.jpg

J'ai reçu un joli message de mon directeur de département en fin de semaine dernière me demandant si j'étais intéressée à un arrangement me permettant d'enseigner aussi au département d'Études françaises. Ce serait une entente entre départements, qui ne coûterait rien de plus à la Faculté puisque je suis déjà un professeur agrégé. Cette entente pourrait prendre plusieurs formes, un poste partagé entre les deux départements, avec ou sans responsabilités administratives selon l'étendue du partage, ou un "prêt" du département d'histoire au département de français. J'ai bien sûr dit que je serais très intéressée, mais qu'il faudrait en discuter, en septembre après le début des cours. Je préfère la possibilité d'enseigner en français, surtout si je cela n'augmente pas mes charges administratives.

Pouvoir enseigner en français rendrait ma préparation de cours beaucoup plus facile et rapide: trouver des textes en français sur Québec et l'Acadie est très très facile. Trouver des textes en anglais sur le Québec est plus difficile, surtout des textes récents. Trouver des textes en anglais sur l'Acadie est une tâche quasi impossible. Si je dois traduire des textes, je pers du temps pour faire toutes les autres tâches que je dois faire avant même d'entrer dans la classe. En plus, je pourrais parler en français, à de vraies personnes, qui sont assises devant moi, en personne! Ce n'est pas un détail sans importance!

Imaginez, je pourrais donner le cours sur l'humour au Canada et ne pas avoir à trouver des sketches avec des sous-titres! Je pourrais mettre _Québec Banana State_ de Jean-Michel Wyl sur la liste de lecture, même s'il n'y a pas de traduction! Un rêve. 

 

Le Chaton vit des choses bien difficiles en ce moment.

 

Depuis quelques jours, il ne dort presque plus l'après-midi, il va sur le pot plusieurs fois par jour, il est au pré-scolaire, il n'a plus de suce et il a clairement compris qu'il a été adopté. Il y a un lien clair entre les deux derniers points, et c'est probablement ma faute. 

Lorsque nous lui avons enlevé sa suce, je l'ai cachée et je lui ai dit qu'elle était partie aider un bébé qui avait besoin d'une suce, parce que lui n'en avait plus besoin. Sur le coup, je pensais que je lui racontais une belle histoire de partage et d'entraide.

Puis je me suis rendue compte que je lui avais dit que sa suce l'avait abandonnée, comme il avait été abandonné auparavant. Je suis tellement stupide. On comprend pourquoi il a pleuré comme une fontaine pendant trois heures! Pendant plusieurs jours ensuite, il m'a demandé où était sa suce. Puis, tout d'un coup, il s'est mis à nous demander où était son "autre maman".

IMG_0031.JPG

Nous ne lui avons jamais caché qu'il est né au Vietnam et que sa mère biologique s'y trouve. Nous avons souvent lu des livres sur l'adoption, où un des personnages est adopté par exemple, et regardé Détestable Moi, un merveilleux film sur l'adoption. Vendredi dernier, pendant que nous étions aux toilettes pour se brosser les dents, il m'a encore demandé où était son "autre maman". Je lui ai répondu qu'elle était au Vietnam, j'ai mentionné son nom*. Puis j'ai vu dans ses yeux quand il a pleinement compris ce que cela voulait dire. J'ai vu les pièces du casse-tête se mettre en place dans ses yeux. J'ai dis que je savais qu'elle l'aimerait pour toujours. Il a dit "non", puis il a éclaté en sanglots, une tristesse désespérée, et il s'est blotti dans mes bras pendant de très très longues minutes de pleurs intenses. Depuis, il m'a demandé à d'autres reprises où est son autre mère, parfois sans sanglots, mais toujours perturbé. Il a dit à quelques reprises qu'il a deux mamans et un seul papa.

Depuis, il a aussi des sautes d'humeur soudaines, il éclate en sanglot sans raison visible. Il donne aussi des signes accrus d'angoisse de séparation, qui avait presque disparue depuis le printemps. Il me colle beaucoup, alors qu'il n'est pas particulièrement câlin d'ordinaire. Je lui répète que je suis sa maman pour toujours et que nous sommes sa famille pour toujours. Nous avons sorti d'autres livres. Ce matin, Mamou devait parler à l'éducatrice à la garderie pour ne pas se surprendre de sursauts de comportement plus que probables.

Un jour à la fois. 

 

* Nous sommes extrêmement chanceux en ce que nous savons beaucoup de choses sur les origines de notre fils. Nous avons les noms et coordonnées de non seulement sa mère biologique, mais plusieurs membres de la famille et nous avons beaucoup de détails sur les circonstances de sa mise en adoption. Nous avons même une lettre de sa mère biologique. S'il le souhaite, dans le futur, nous pourrions la retracer avec une certaine facilité. Je ne peux exagérer combien ceci est extrêmement rare! Ce qui rend étrangement les choses plus difficiles pour nous, parce que la littérature sur l'adoption internationale et les livres pour enfants sur le sujet présument une absence complète de cette information. Nous devons improviser comment la lui transmettre.

Critique rapide du jeu "À la dérive" de Diceless Games

derive_box.jpg

À la dérive est un jeu de carte pour 2 à 4 personnes où l'on doit s'assurer que ses pingouins restent sur la banquise, qui fond à vue d'oeil, et de pousser les pingouins adversaires à la mer. 

J'ai acheté ce jeu il y a plus d'un an, parce que Mamou et le Chaton aiment les pingouins et je me disais qu'un jeu de pingouins pourrait être drôle. Pour une foule de raisons, Mamou et moi n'avons pas eu l'occasion de le jouer avant hier soir.

J'ai trouvé les règles du jeu extrêmement confuses et nous avons du recommencer la partie lorsque nous nous sommes complètement trompé. En recherchant un lien direct pour inclure dans cette entrée, j'ai découvert que  Diceless Games ont publié des règles révisées. Sauf que les règles révisées sont celles qui se trouvent dans notre boîte. Je n'ose pas penser à la confusion que devaient causer les règles d'origine! Citation d'un des commentaires "Merci beaucoup pour cette SUPER mise à jour !!! Je viens d’en faire lecture et je comprend maintenant tellement mieux !" Misère... 

Après avoir placer les cartes de banquises sur la table, chaque joueur place ses pingouins sur les cases et après une phase de set-up plus compliquée qu'elle ne le devrait, les joueurs usent leurs cartes d'action pour faire avancer leurs pions, échanger des cartes et accumuler des oeufs frais (en évitant les oeufs pourris). 

Malgré des règles confuses, une fois le jeu engagé, la partie est amusante et ne prend pas plus de 45 minutes. Un jeu léger, qui plairait aux enfants de 8 ans et plus, mais les règles élèvent effectivement l'âge cible à 10 ans, contrairement à ce que le livret d'instructions indique. C'est malheureux.

Je ne peux recommander ce jeu. Il y a bien plus de jeux de pingouins qui ont une meilleure réputation, comme celui-ci par exemple. Ou achetez celui-ci

 

"Je suis un grand garçon"

Ce matin, mon fils a annoncé qu'il était un grand garçon. Une grande première, parce que jusqu'à la semaine dernière, il se mettait en colère à chaque fois que nous implicitions qu'il n'était plus un petit garçon.

Depuis la semaine dernière, il a été intégré dans le groupe des pré-scolaires à la garderie, sa suce "est partie loin loin loin pour aider un bébé qui en avait besoin" et il a fait pipi sur le pot une fois (à la garderie; il ne veut pas le faire à la maison encore).

Il grandit physiquement aussi. Alors qu'il n'avait pris qu'un seul petit centimètre entre 2 1/2 ans et son troisième anniversaire, il semble avoir déjà grandi d'au moins cela depuis le mois de mars. Il prend en largeur aussi, en plus de manger comme un trou et prendre du ventre, ce dernier point étant généralement indicateur d'une poussée de croissance imminente. 

On lit. Beaucoup.

On lit. Beaucoup.

Nous allons bientôt (avant Noël) remplacer sont petit lit d'enfant avec un lit simple. Nous allons le commander bientôt et garderons la boîte dans le sous-sol. Je le monterai et l'installerai dans sa chambre au moment venu. Nous avons déjà le matelas. Je dois aussi, mais je ne sais pas quand, repeindre la bibliothèque de quand j'étaie petite et la mettre dans sa chambre, en y mettant une majorité de ses livres, pour libérer les étagères du salon pour mes livres qui sont présentement dans des cartons dans le sous-sol. Nous avons beaucoup de livres à nous trois. Nous lisons beaucoup, de toute évidence. 

Des difficultés de retourner à la routine après les vacances.

Depuis notre retour des vacances, j'ai moins travaillé et moins bien travaillé surtout que pendant. Ce sera drôle si je n'étais pas si en retard. Dans les faits, je me remets de mes vacances. Hier, j'ai dormi presque toute la matinée. Je n'ai presque pas travaillé du reste de la journée. Bref. 

On entend souvent les experts élaborer sur la nécessité de maintenir la routine des enfants, mais il ne faudrait pas se leurrer, la routine est tout aussi nécessaire pour nous les adultes. Je blague souvent sur le fait qu'en retournant au travail, je pourrai me reposer, mais dans le fond, ce n'est pas vraiment une blague. 

Il me reste sept semaines avant le début des classes et je dois (dans le désordre):

  • écrire mes deux syllabus, incluant choisir les lectures, les travaux et la structure du cursus des cours
  • écrire deux courtes biographies de 1000 mots chacune (je devrais en finir une aujourd'hui)
  • terminer la rédaction d'un livret de 45000 mots
  • lire une thèse de doctorat et préparer mon rapport pour la défense
  • faire la critique du film Cloud Atlas pour Some Fantastic
  • terminer la réparation des murs dans la maison avant de les faire peindre
  • etc. 

C'est le dernier élément qui me fait le plus peur.

Bon, je commence ma journée. Go go go! 

Ajout à 10h10: 

J'ai oublié que je dois aussi faire une critique pour Histoire Sociale... Misère. 

Black swan theory

Je pense que le Chaton s'est vraiment ennuyé de nous pendant qu'il était chez sa grand-mère pendant les derniers jours de nos vacances. Je n'en suis pas certaine, mais je pense que c'est pourquoi il m'a dit "je t'aime" quatre fois depuis notre retour, cinq fois en tout depuis le début des vacances. Avant le départ des vacances, il ne m'avait adressé ces mots que cinq fois depuis qu'il est arrivé chez nous. Soit, il n'avait que 10 mois quand nous sommes revenus du Viêt-Nam, mais il l'a dit à son père des dizaines de fois depuis qu'il sait parler.

Le plus meilleur garçon du monde.

Le plus meilleur garçon du monde.

Je sais que mon fils m'aime et est attaché à moi. Il me le montre d'une foule de façons. Lorsque lui et son père vont à l'épicerie, c'est lui qui insiste pour qu'ils me rapportent des fleurs, une semaine sur deux. Dimanche, c'était des hydrangées vertes, sa couleur préférée.

Ceci dit, les relations parent-enfant en cas d'adoption ne sont jamais simples, surtout pour les enfants institutionnalisés, d'autant plus si ce sont des garçons et que leurs parents adoptifs sont un couple hétérosexuel. Pour eux, leur père adoptif est souvent la première figure parentale masculine qu'ils ont connue; il n'y a pas d'histoire d'abandon masculin. Leur mère adoptive, à l'opposé, est au minimum la troisième figure parentale féminine qu'ils ont connue (mère bio, nounou(s), mère adoptive). Pour eux, les femmes auxquelles ils se sont attachées les ont abandonnés, au moins deux fois, sinon plus. Ces enfants ont une grande colère envers les femmes, une suspicion. Le Chaton ne fait pas exception. Il m'a cassé une dent il y a un an et demi dans un de ses plus spectaculaires excès de colère. Cela fait seulement quelques mois qu'il ne nous frappe plus sans raison. Aujourd'hui, il frappe parce qu'il a trois ans et qu'il n'aime pas qu'on lui refuse ce qu'il veut.

Peut-être aussi que ses derniers souvenirs du Viêt-Nam se sont enfin estompés. Il y a un an, il s'en souvenait encore clairement. Il y faisait référence, du moins il essayait avec ses mots de deux ans. Peut-être que cet oubli lui permet de me dire qu'il m'aime. "Je t'aime comme Toupi", il m'aime comme Toupi aime Binou. Il m'ai dit qu'il m'aime dix fois depuis qu'il est avec nous.

Mon fils m'aime. 

_China Mountain Zhang_ de Maureen F. McHugh (1992)

Mon amie Jo, qui a un goût impeccable mais très différent du mien, m'a recommandé ce livre l'année dernière, de même que _Nekropolis_ (2001) de la même auteure. Le second était déjà disponible en format électronique et je l'ai lu immédiatement. J'ai acheté le premier sur Kobo au début de l'été. J'avais quelques appréhensions, parce que j'avais trouvé la troisième partie de Nekropolis franchement décevante, surtout en comparaison avec les deux premières parties géniales. _China Mountain Zhang_ ne m'a heureusement pas déçue du tout. 

Le titre est la traduction anglaise du nom du personnage principal Zhang Shan Zhong. Le protagoniste est un New-Yorkais né d'un ABC ("American Born Chinese") et d'une Latina, qui ont payé fort cher pour modifier le code génétique de leur fils afin qu'il paraisse ABC. Nous sommes à la fin du 21e siècle ou au début du 22e. L'époque n'est jamais précisée; le roman se passe longtemps après les émeutes de 2069, apprend-on. La première puissance mondiale est alors la Chine communiste. La deuxième Grande Dépression ayant déclenché une révolution socialiste aux États-Unis et un peu partout dans le monde (mais pas au Canada!), les citoyens chinois et les ABC détiennent la plus grande part du pouvoir dans l'économie planifiée américaine. Zhang est un technicien en génie du bâtiment, spécialisé dans la démolition et la reconstruction. Il est aussi gay, dans un pays où la tolérance pour l'homosexualité se rétrécie, sous l'influence de la Chine où être gay mène alors à une balle en arrière de la tête. Il navigue, tant bien que mal, cette société souvent familière aux lecteurs, mais où l'influence chinoise a changé plus de choses que les changements climatiques ou les avancées technologiques qui nous séparent d'elle.

Entre les chapitres sur Zhang, McHugh nous présente des gens "ordinaires" qui remplissent les angles morts que nous laisse le personnage principal. À travers eux, et de leur lien parfois ténu avec Zhang, on découvre une société riche et complexe, qui a profondément changé après trois générations de communisme américain. On visite la Terre de Baffin, Mars et la Chine continentale. Tout est familier, mais tout est foncièrement différent. Mars est vraiment fascinante. Dans tout cela, McHugh ne nous donne jamais toutes les réponses et laisse des silences qui avivent l'imagination.

J'ai beaucoup aimé. Au cours de ma lecture, j'ai constamment pensé à _A Woman of the Iron People_ de Eleanor Arnason (1991), que j'ai absolument adoré. Dans celui-ci aussi, une Terre où domine la Chine et où les changements climatiques ont bouleversé les cultures est en arrière plan. J'ai d'ailleurs eu du mal à ne pas voir dans ce dernier le futur du premier. J'ai du souvent me rappeler que les deux n'ont pas été écrit par la même personne, même s'ils sont contemporains.

Je recommande China Mountain Zhang sans hésitation. Je ne connais pas de traduction française des oeuvres de Maureen F. McHugh, ce qui m'attriste.

Je ne suis pas morte! Je suis juste très occupée...

Nous sommes revenus dimanche dernier et c'est le feu roulant depuis. Pour moi du moins. Mamou et le Chaton s'amusent ferme, dans la maison parce que Mamou ne supporte pas la canicule. Nous avons défait les valises, changé les lits, fait du lavage, fait l'épicerie; Mamou a passé la balayeuse partout; Chaton a sorti toutes ses automobiles et la moitié de ses livres. J'ai aussi répondu à 12012 courriels et envoyé les examens spéciaux aux étudiants ayant une entente spéciale. J'avais des rendez-vous médicaux lundi et mardi. Nous avons aussi dormi.

Donc, pas beaucoup de temps. Je n'ai même pas lu depuis samedi.  Ceci dit, j'ai à vous écrire ce que j'ai pensé de China Mountain Zhang de Maureen F. McHugh dès que j'ai deux minutes.

Mon fils voulait que je lui dessine "Montréal".

Mon fils voulait que je lui dessine "Montréal".

Ce ne sera pas demain, parce que nous partons en famille à Montréal, où Mamou et moi allons voir le dentiste, pendant que le Chaton "fait un picnic" avec sa tante Jacqueline. 

Ce pourrait être jeudi après-midi, parce que j'ai un autre rendez-vous médical le matin, mais j'ai aussi trois tonnes de corrections à faire avant vendredi après-midi. Ça va mal. 

Bon, je file. Je vous reviens dès que je peux. Bisous!