Développement de cours

J'ai terminé les onze illustrations qui me serviront à nourrir les discussions et les exercices en classe inversée dans mon cours d'histoire matérielle à l'hiver prochain. Du moins jusqu'à ce que je change d'idée et que je les redessine. J'ai le temps de les refaire trois fois d'ici janvier, je me connais.

Mes conclusions préliminaires sont: 

1a) J'aime vraiment dessiner

1b) J'aime l'idée de créer des illustrations qui feront penser mes étudiants. Même qui les choqueront ou les confondront. Le tout pour les faire parler. 

2) Je pense que j'ai trouvé un bon filon. Je crois que mes étudiants ne sont pas encore assez ouverts pour que la facilitation visuelle de type "classique"  leur plaise plus qu'elle ne les déroute. Je dois éviter la déroute justement et faciliter la réflexion et la discussion. D'où mon idée de démarrer la discussion avec une illustration plutôt que de suivre la discussion en l'illustrant.

3) J'ai confiance que le principe de la classe inversée sera profitable dans un séminaire sur la culture matérielle puisque, dans ce cas surtout, toucher (littéralement) et faire l'expérience de vrais objets (ou de photos de ces objets, malheureusement) sera toujours meilleur que la théorie sur ces objets.

4) On touche du bois. 

5) J'aurai vraiment besoin de la séance 12 pour un débrieffing du cours avec les étudiants! 

 

Pour la séance 9. 

Pour la séance 9. 

Pour la séance 10.

Pour la séance 10.

Pour la séance 11.

Pour la séance 11.

 ---------------------------------------

RÉCAPITULATIF:

Mes entrées précédentes sur le sujet, incluant les autres illustrations: Un, deux, trois

Développement de cours

Je continue à développer mes illustrations pour mon cours d'histoire matérielle au lieu d'écrire l'examen de mon cours en ligne. Je suis particulièrement fière de ce que j'ai fait pour la séance 8 sur comment les souvenirs de voyage, comme les films et les livres, forgent nos représentations des "races"  et compliquent les questions d'authenticité.

Pour la séance 6.

Pour la séance 6.

Pour la séance 7.

Pour la séance 7.

Pour la séance 8. 

Pour la séance 8. 

Développement de cours

Je continue à réfléchir à la manière de joindre les principes de la classe inversée et de la facilitation visuelle. J'avoue, je suis confiante et j'ai fait ces quelques diapos supplémentaires ce matin. Mon objectif est de faire réfléchir les étudiants sur les principes de l'histoire du matériel, des objets et des espaces. J'ai choisi d'utiliser des verbes d'action pour incarner les sujets et poser des questions qui évoquent plutôt qu'elles expliquent. Sauf lorsque je veux provoquer une réflexion  comme dans la cinquième semaine du cours.

Votre avis? Ça marche? Ça vous fait réfléchir? 

Pour la séance 2.

Pour la séance 2.

Pour la séance 3.

Pour la séance 3.

Pour la séance 5.

Pour la séance 5.

Je n'ai toujours pas été un bon enseignant.

 

Je suis maintenant un bon professeur, mais  je ne me fais d'illusions: je ne suis pas un génie de l'enseignement.

Je travaille depuis quelques temps à transformer et revitaliser mes méthodes d'enseignement, surtout en séminaire. Mes évaluations annuelles se sont grandement améliorées, de même que l'apprentissage de mes étudiants, quoique moins.

Depuis le début de l'année, je réfléchis plus spécifiquement à la manière avec laquelle je pourrais intégrer des techniques de facilitation visuelle dans le cadre d'exercises en classe et plus spécifiquement dans le cadre d'une structure de classe dite "inversée". je m'explique.

Une classe inversée, pour ceux qui ne le savent pas déjà, est une approche pédagogique où l'ensemble des activités d'apprentissage se fait à la maison avant le cours et le temps en classe est passé à faire des exercices, pour faire simple "les devoirs", et à tester l'apprentissage des étudiants dans une atmosphère de partage et de discussion. Cette approche demande autant de travail pour le professeur et pour les étudiants, mais favorise l'apprentissage autonome et une approche plus visuelle. D'où mon idée d'intégrer les principes de facilitation visuelle et de "sketchnoting". Avec cette approche, lors d'une réunion ou d'une séance de travail, par exemple, une personne est responsable de prendre des notes visuelles et graphiques représentant non seulement les idées qui sont discutées, mais le flot même de la conversation. Sur un tableau, une ardoise ou un papier géant.

Je ne pense pas être capable de faire de la facilitation visuelle pour mes séminaires, du moins pas maintenant, si ce n'est que parce que je pense de manière trop syncopée pour bien refléter ce que disent mes étudiants qui ne pensent pas comme moi. IL me faudrait apprendre à prendre de telles notes. Cependant, je crois que je pourrais beaucoup facilement utiliser le sketchnoting à l'inverse: au lieu de donner oralement des directives de discussions, je présente sur un écran ou un tableau des instructions visuelles et évocatrices. Évoquer et inspirer la discussion plutôt que de la diriger. Viser l'inductif.

Voici donc deux exemples que j'aimerais utiliser dans mon séminaires de Culture matérielle canadienne que je donnerai en hiver-2014. 

 

 

Pour la séance d'introduction.

Pour la séance d'introduction.

Pour la séance 4 (version 2).

Pour la séance 4 (version 2).

Recherches récentes, jeux de cartes

Je voudrais partager avec vous quelques bribes de mes nouvelles recherches. Non pas celles sur lesquelles je devrais bosser (mon livre sur les commémorations qui n'en finit plus de ne pas s'écrire), mais plutôt un petit projet drôle qui m'a accroché depuis quelques semaines.

iStock_000009274040Small.jpg

Certains d'entre-vous auront peut-être avoir entendu parlé du jeu de carte Joffre. C'est un jeu de carte hyper-régional, populaire sur la rive-sud de Québec surtout, développé dit-on à Saint-Anselme, le village en arrière de Pintendre. Le jeu est fascinant parce qu'il se joue avec 42 cartes spéciales, mettant en scène quatre des puissances en conflit pendant la première guerre mondiale, la France (rouge), l'Angleterre (bleu), la Russie (vert) et l'Allemagne (brun). Le but du jeu est de remporter le plus de mains possibles en conservant la carte représentant le Maréchal Joffre sans se faire coller le Kaiser Wilhelm II (ou "le Brun"). À l'origine, le jeu se nommait d'ailleurs "Shoo Kaiser"Je suis à retracer l'histoire orale de ce jeu. Je n'ai pour l'instant que des bribes. Je ferai un terrain en juillet. Il est déjà établi que ce jeu fut ramené de la guerre par un ancien "barbu" de Saint-Anselme qui s'était dessiné un jeu à la main pendant son tour dans les tranchées.

Ce qui est le plus intéressant par rapport au Joffre est qu'il n'est pas du tout unique et que plusieurs amateurs de l'histoire des cartes ont constaté les similarités entre le Joffre et le jeu de Kaiser joué en Saskatchewan, de même qu'avec un jeu de carte datant de la fin du 19e siècle  "The Lost Heir", d'abord publié aux États-Unis, mais surtout populaire dans une édition canadienne dès la période edouardienne. Les similarités entre les deux premiers est dans leur terminologie et leurs origines liées à des soldats de la première guerre mondiale. Les liens entre le Joffre et le Lost Heir sont dans les règles du jeu et surtout dans le design des cartes. Ce sont tout simplement le même jeu. J'ai reconstitué une chronologie, encore partielle mais convaincante, de la transformation du Lost Heir en Joffre et en Kaiser dans les tranchées en France pendant la première guerre mondiale. Des soldats, dont un serait identifiable, ont ramené le jeu au Canada après la guerre. À ce jour, le jeu est donc joué sur la rive-sud de Québec sous la forme du Joffre (Shoo Kaiser) et sous la forme de Kaiser, en Saskatchewan, surtout dans la communauté ukrainienne (ça, je ne le comprends pas ce bout-là).

J'ai trouvé beaucoup plus d'information de ce que je vous dévoile ici, mais je ne veux pas montrer ma main tout de suite (*jeu de mot*). 

Il me reste beaucoup à trouver encore. Il me faut confirmer par qui et comment le jeu est passé de sa forme primaire dessinée à une édition commerciale et exactement quand. Si je pouvais trouver une de ces premières éditions, je serais très heureuse. Il me faudra aussi trouver de l'information sur le Kaiser. J'ai un contact, mais je ne commencerai pas cette voie de recherche tout de suite; seulement si mon information québécoise est trop mince pour en valoir la peine.

Tout dépendant de ce que je trouverai dans les prochains mois, je saurai si je proposerai l'article à une publication sur l'histoire des cartes ou du jeu (comme The Playing Card, par exemple) ou à une revue scientifique (comme la Revue d'histoire de l'Amérique française).

Bien sûr, cette recherche me prends du temps que je devrais consacrer à mon livre et aux projets payants que j'ai en cours. Je l'avoue: c'est une technique dilatoire.

Note:  Je possède une copie contemporaine de Joffre, une copie d'une édition spéciale de Kaiser datant de 1983 et une copie édouardienne de The Lost Heir. Je cherche encore  une copie de Joffre des années trente ou quarante et une copie contemporaine de The Lost Heir. J'aimerais vraiment en trouver, mais je n'ai aucune piste. Zéro.

Est-ce que quelqu'un peut m'expliquer pourquoi mes étudiants sont si stupides?

Ou peut-être pourquoi tout le monde pense que l'histoire est ouverte à tous et que les cours d'histoire sont des notes faciles?

IMG293.jpg.scaled500 - Version 2.jpg

D'abord, je dois me répéter. Le cours en ligne que je donne cet été est franchement poche. Il n'y a rien de plus ennuyant que d'enseigner une introduction de l'histoire du Canada. Pourtant, ce n'est pas comme mes étudiants peuvent ressentir que je ne suis pas motivée: ils ne me voient jamais, je ne donne pas de cours magistraux, et je suis une bonne actrice dans les quelques vidéos que j'ai mises en lignes. Alors pourquoi sont-ils si démotivés et si stupides?  Ou plutôt, sachant que cela sera poche, pourquoi bonyenne prennent-ils ce cours?

Le premier mini-travail (6 pages) était une analyse de poème. J'en ai déjà parlé ici: oui, j'ai mal jugé les capacités des étudiants et aurais du choisir quelque chose de plus littéral. Ce qui n'empêche pas qu'une majorité des travaux étaient franchement adolescents. M'enfin. La moyenne est B pour celui-ci, parce que nous (mes assistantes et moi) avons été très généreuses dans la correction. Le prochain exercice est une analyse d'une caricature politique datant de la Confédération. J'ai amélioré les instructions mises à leur disposition. Je m'attends à mieux de leur part. 

Ce qui me désespère un peu, c'est plutôt leurs réponses aux questions hebdomadaires. Ce sont des réactions à froid. Je ne m'attends pas à des textes bien écrits, ni d'une grande profondeur, ni même à des réponses cohérentes. Je ne m'attendais pas, cependant, à des réponses racistes et sexistes, des erreurs de faits (même quand les lectures sur lesquelles les questions sont posées les contredisent directement)  et des élucubrations sur la vie quotidienne actuelle en comparaison à une réalité imaginaire du passé.

J'ai mis certains des pires exemples sur mon fil twitter, mais ce n'est que la pointe de l'iceberg. Je vous jure que j'ai un bleu sur le front à force de frapper mon clavier. 

Je vois bien qu'il y a deux/trois problèmes ici. 1) Il y a les étudiants qui prennent le cours pour terminer leur diplôme et ont encore moins envie que moi de faire ce cours cet été. 2) Il y a des étudiants qui ont pris ce cours parce qu'ils l'ont cru simpliste et facile. Il y a aussi l'intersection de ces deux problèmes. Mais les étudiants qui m'écrivent des fleuves de supliques affirmant leur motivation dans le cours sont ceux qui produisent les pires travaux! Je vous jure que j'ai un bleu entre les deux yeux!

Le tout me démotive encore plus. Je frissonne de peur à chaque fois qu'un courriel entre dans ma boîte.

Je ferai un florilège des pires citations si vous m'en faites la demande. 

Mid-life crisis?

Dans ce merveilleux monde où la vie n'est pas simple et les clichés sont fréquents, il n'est pas difficile de tomber dans des ornières comportementales. Tomber dans la routine mène à l'ennui, au divorce, à l'achat de téléviseurs plasma 54 pouces et au mid-life crisis. Dans mon cas, je vous assure que cela mène à la dernière option. 

Oh! que je suis en pleine crise de la quarantaine! Ce serait drôle si je n'étais complètement pathétique. (En parlant de clichés...) Si je gagnais le gros lot demain matin, je quitterais mon emploi à l'université, je vendrais la maison pour en acheter un un bungalow avec une pièce de plus et une court arrière aménagée, au Québec, même si c'est de l'autre côté de la rivière. Je pourrais enfin mettre les quantités très limités d'énergie que j'ai à écrire et créer, plutôt qu'à enseigner à des étudiants ignares et me battre pour mes droits contre mes éminents collègues. Je me permettrais un voyage par année de plus et j'engagerais une nanny. Et c'est pas mal tout. Je ne demande pas la lune. Je demande un gros break. Ou la retraite. Genre. Comme. Style.

By Graham Triggs, grahamtriggs, on Flickr

By Graham Triggs, grahamtriggs, on Flickr

Je donnerais ma démission à l'instant si je le pouvais. En toute honnêteté, ma carrière, qui m'étais très importante il y a dix ans, l'est beaucoup moins maintenant. J'aspire encore à faire de la recherche, mais je ne me vois plus comme un jeune loup du monde universitaire et encore moins comme la prochaine star de mon domaine. Faire de la recherche et produire des analyses sur des sujets qui m'intéressent, oui, encore, toujours. Gagner une bourse d'enseignement? Pantoute. J'aspire plutôt à écrire de bons romans, à les finir en fait, et possiblement à les publier. J'aspire plutôt à créer des choses qui me font plaisir, à poursuivre la réussite de mon mariage et de bien élever mon fils. Dans l'ordre.

Mon dieu, je suis devenue un cliché ambulant! Désespoir! 

 Comme je suis une personne responsable, je ne donne pas ma démission. En tant que personne responsable, je m'efforce plutôt de changer mes conditions d'emploi pour avoir plus de temps pour moi et pour faire des choses plus intéressantes que d'enseigner à des étudiants ignares.  Par exemple, j'enseigne de plus en plus en ligne, ce qui limite mes interactions en personne avec ces derniers. De plus, il est possible que je commence bientôt à donner des cours conjoints avec le département de français, ce qui voudrait dire enseigner en français et ne plus à avoir à faire des pieds et des mains pour trouver des traductions.

Je déteste avoir à être une personne responsable. C'est pas juste.  Pourquoi les grandes personnes ne peuvent pas faire des caprices comme mon fils, à se rouler par terre en hurlant?