Des difficultés de retourner à la routine après les vacances.

Depuis notre retour des vacances, j'ai moins travaillé et moins bien travaillé surtout que pendant. Ce sera drôle si je n'étais pas si en retard. Dans les faits, je me remets de mes vacances. Hier, j'ai dormi presque toute la matinée. Je n'ai presque pas travaillé du reste de la journée. Bref. 

On entend souvent les experts élaborer sur la nécessité de maintenir la routine des enfants, mais il ne faudrait pas se leurrer, la routine est tout aussi nécessaire pour nous les adultes. Je blague souvent sur le fait qu'en retournant au travail, je pourrai me reposer, mais dans le fond, ce n'est pas vraiment une blague. 

Il me reste sept semaines avant le début des classes et je dois (dans le désordre):

  • écrire mes deux syllabus, incluant choisir les lectures, les travaux et la structure du cursus des cours
  • écrire deux courtes biographies de 1000 mots chacune (je devrais en finir une aujourd'hui)
  • terminer la rédaction d'un livret de 45000 mots
  • lire une thèse de doctorat et préparer mon rapport pour la défense
  • faire la critique du film Cloud Atlas pour Some Fantastic
  • terminer la réparation des murs dans la maison avant de les faire peindre
  • etc. 

C'est le dernier élément qui me fait le plus peur.

Bon, je commence ma journée. Go go go! 

Ajout à 10h10: 

J'ai oublié que je dois aussi faire une critique pour Histoire Sociale... Misère. 

Black swan theory

Je pense que le Chaton s'est vraiment ennuyé de nous pendant qu'il était chez sa grand-mère pendant les derniers jours de nos vacances. Je n'en suis pas certaine, mais je pense que c'est pourquoi il m'a dit "je t'aime" quatre fois depuis notre retour, cinq fois en tout depuis le début des vacances. Avant le départ des vacances, il ne m'avait adressé ces mots que cinq fois depuis qu'il est arrivé chez nous. Soit, il n'avait que 10 mois quand nous sommes revenus du Viêt-Nam, mais il l'a dit à son père des dizaines de fois depuis qu'il sait parler.

Le plus meilleur garçon du monde.

Le plus meilleur garçon du monde.

Je sais que mon fils m'aime et est attaché à moi. Il me le montre d'une foule de façons. Lorsque lui et son père vont à l'épicerie, c'est lui qui insiste pour qu'ils me rapportent des fleurs, une semaine sur deux. Dimanche, c'était des hydrangées vertes, sa couleur préférée.

Ceci dit, les relations parent-enfant en cas d'adoption ne sont jamais simples, surtout pour les enfants institutionnalisés, d'autant plus si ce sont des garçons et que leurs parents adoptifs sont un couple hétérosexuel. Pour eux, leur père adoptif est souvent la première figure parentale masculine qu'ils ont connue; il n'y a pas d'histoire d'abandon masculin. Leur mère adoptive, à l'opposé, est au minimum la troisième figure parentale féminine qu'ils ont connue (mère bio, nounou(s), mère adoptive). Pour eux, les femmes auxquelles ils se sont attachées les ont abandonnés, au moins deux fois, sinon plus. Ces enfants ont une grande colère envers les femmes, une suspicion. Le Chaton ne fait pas exception. Il m'a cassé une dent il y a un an et demi dans un de ses plus spectaculaires excès de colère. Cela fait seulement quelques mois qu'il ne nous frappe plus sans raison. Aujourd'hui, il frappe parce qu'il a trois ans et qu'il n'aime pas qu'on lui refuse ce qu'il veut.

Peut-être aussi que ses derniers souvenirs du Viêt-Nam se sont enfin estompés. Il y a un an, il s'en souvenait encore clairement. Il y faisait référence, du moins il essayait avec ses mots de deux ans. Peut-être que cet oubli lui permet de me dire qu'il m'aime. "Je t'aime comme Toupi", il m'aime comme Toupi aime Binou. Il m'ai dit qu'il m'aime dix fois depuis qu'il est avec nous.

Mon fils m'aime. 

Nous sommes des immigrants. Il faut l'admettre.

 

Mon fils, qui va dans un service de garde en milieu scolaire public, est préparé à entrer dans le milieu scolaire public. Cela va de soi. Dans le système scolaire public en Ontario, on forme des citoyens canadiens, fiers et patriotiques. Soit.

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Cela implique le salut au drapeau en chantant le O Canada! tous les matins. Ainsi, mon fils apprend à chanter l'hymne national canadien, à reconnaître le drapeau canadien et à fêter la Fête du Canada Day. 

Depuis une semaine, comme les magasins sont bariolés de rouge, de blanc et de l'unifolié, mon fils passe ses journées à chanter le O Canada. Ou plutôt deux lignes du O Canada. Toujours les deux mêmes, "O Canadaaaa. Ton histoire est une épopée-é-e. O Canadaaaa. Ton histoire est une épopée-é-e. O Canadaaaa." Sans arrêt. C'est cute et tout. Les vieilles dames à l'épicerie sont attendries.

 Moi, je me passerais bien de son patriotisme public naissant. Il est beaucoup trop jeune pour qu'on lui explique les subtilités de la propagande scolaire, et nous ne voulons pas lui causer des problèmes à l'école où le nationalisme québécois est perçu et enseigné comme une mauvaise chose. 

Nous sommes des émigrants en Ontario, dans un autre espace national, faute d'être dans un autre pays. Au moins, si nous étions dans une autre province, en Alberta ou en Nouvelle-Écosse, il y aurait une fierté provinciale qui au moins rempli un espace équivalent au patriotisme québécois et qui contrebalance en partie le patriotisme canadien. Il n'y a rien d'équivalent en Ontario. Il n'y a que la fierté canadienne. Il est très difficile de trouver un drapeau ontarien en Ontario. Ailleurs au Canada, les drapeaux provinciaux sont beaucoup plus présents, pas autant que le drapeau québécois au Québec, mais presque. Rien de cela en Ontario. Mon fils ne sait pas reconnaître le drapeau ontarien, malgré nos efforts. Quand nous allons à Gatineau, il ne comprend pas pourquoi les "drapeaux du O Canada" sont si rares.

Je ne sais pas quoi faire. Je ne veux pas lui causer du tord à l'école mais je ne veux pas qu'il avale le patriotisme canadien tout rond. Je voudrais qu'il soit attaché au Québec, mais nous élevons un Ontarien, au moins jusqu'à ce que nous déménageons.

En attendant, je dois enduré que mon fils chante le O Canada et se promène avec son drapeau canadien en papier dans la maison,  parce que cela lui fait si plaisir...

...misère...